Pathologie de la coiffe des rotateurs de l'épaule
Dr. C. COHN
Institut A. TZANCK / Saint Laurent du Var
Physio-pathologie / Diagnostic / Traitements actuels
Première partie : Anatomie, physiologie et pathologie
Introduction
Anciennement regroupées sous le terme générique de
"périarthrite scapulo-humérale" ou PSH, entité floue s'il
en est, les lésions de la coiffe des rotateurs ont depuis
été étudiées, démembrées et il vaut mieux parler
actuellement de tendinopathies de la coiffe ou de
pathologie de la coiffe des rotateurs.
Le développement de la chirurgie de l'épaule est récent
et a débuté vers la fin des années 1960 sous l'impulsion
de Charles . S. NEER aux Etats-unis, en France on doit
principalement l'évolution de ces connaissances à Didier
PATTE,
Depuis 1990,bien que toujours relativement
confidentielle, la connaissance de la physiopathologie de
l’épaule se développe en France et alors que les
traitements (palliatifs) étaients quasi-exclusivement du
ressort des rhumatologues auparavant ( infiltrations ),
elle se voit dotée de solutions curatives (chirurgie et
rééducation ) et démembrée sur le plan diagnostique.
Aussi bien les lésions dégénératives des tendons que les
problèmes d'arthrose ont maintenant des possibilités de
traitement codifiées et les résultats s'améliorent
constamment. La chirurgie prothétique a bénéficié
grandement des progrès de l'arthroplastie de hanche
d'abord, de genou ensuite, et nous sommes actuellement à
la troisième génération d'implants prothétiques d'épaule.
En ce qui concerne la pathologie des tendons, les
techniques arthroscopiques ont permis à la fois de
progresser en ce qui concerne la compréhension des
problèmes et aussi de proposer dans certains cas des
traitements simples, peu invasifs et efficaces (
acromioplastie sous arthroscopie, traitement des lésions
des bourrelets glénoïdiens, réparation de petites lésions
de la coiffe, traitement de certaines instabilités de
l'épaule.)
Revoyons tout d'abord
l'anatomie de l'épaule
La coiffe est composée de trois tendons : d'avant en
arrière, le sous scapulaire ( rotateur interne avec le
petit pectoral), le sus-épineux (élévateur),le sous
épineux ( rotateur externe avec le muscle rond). On peut
également citer le tendon du long biceps, qui pénétre
dans l'articulation par la gouttière du long biceps et
qui s'insère sur le bord supérieur de la glène, jouant un
rôle de hauban stabilisateur.
Ces trois tendons forment une chape qui représente la
partie supérieure de l'articulation, c'est pourquoi on
parle de coiffe des rotateurs
Un autre élément anatomique important est la variabilité
de forme de l'acromion. En effet, on recense trois formes
principales : acromion plat, courbe et aggressif.
Si la première forme est sans danger, la forme courbe ,
et surtout la forme aggressive entraînent fréquemment un
conflit sosu acromial important en réduisant l'espace
sous acromial disponible pour la coiffe.
Quels sont les types de tendinopathies que l'on peut
rencontrer ?
On peut les subdiviser en deux grandes familles, qui
comportent elles mêmes des sous ensembles:
1° Les tendinopathies non calcifiantes
subdivisées en :
Les lésions traumatiques
: gens souvent jeunes /
notion de traumatisme importante / coiffe fréquemment en
bon état avec une désinsertion distale d'un tendon /
elles sont relativement peu fréquentes.
Les lésions dégénératives :
Les plus fréquentes /
souvent après 50 ans / mécanisme vraisemblablement lié à
un déséquilibre entre le deltoïde et le sus épineux lors
des mouvements d'élévation du bras./ facteurs
favorisants: métiers avec mouvements réptitifs en
élévation antérieure au dessus de l'horizontale (peintres
en bâtiments etc...) entraînent une usure progressive des
tendons ( surtout le sus épineux sur sa face supérieure )
avec phénomènes inflammatoires chroniques ( la douleur
nocturne insomniante est très fréquente) et finalement
des ruptures sur tendons fragilisés ( ruptures
transfixiantes).
2° Les tendinopathies calcifiantes
Elles se présentent sous des formes diverses ( et feront
l'objet d'un autre article).
Sur le plan du traitement, il faut néanmoins distinguer
les calcifications infiltrantes des calcifications
localisées. Ces dernières présentent souvent la
particularité d'augmenter de volume progressivement puis
d'éclater spontanément lors d'une phase douloureuse
paroxystique ( un peu comme un abcès intra tendineux)
disparaissant alors complètement avec un soulagement
important pour le patient.
A côté de ces deux grandes
familles, on peut distinguer quelques autres
pathologies associées ou non avec les précédentes, qui
sont :
1° les lésions du tendon du
long biceps
Qui peuvent fréquemment être associées à des lésions du
tendon du sous scapulaire ( surtout dans les lésions
traumatiques) ou isolées par lésion dégénérative de la
portion intra articulaire du long biceps.
2° Les lésions de la face
profonde de la coiffe qui sont d'origine encore
mal connue et peuvent évoluer vers une rupture.
3° les lésions intra
tendineuses qui correspondent vraisemblablement à
un "feuilletage" de l'épaisseur du tendon, qui donnent
une symptomatologie proche de celle de lésions
dégénératives de la face superficielle ( diagnostic :
clinique + IRM).
4° Les capsulites
rétractiles qui correspondent à une diminution du
volume articulaire avec douleurs et diminution de la
mobilité de l'épaule ( épaule gelée) . Elles sont
fréquemment post traumatiques et justiciable d'un
traitement de fond par rééducation qui s'étendra souvent
sur plusieurs mois
Intéressons-nous maintenant aux lésions dégénératives et
voyons quel est le mécanisme physiopathologique qui en
est principalement responsable.
Dans une épaule "normale", les mouvements d'élévation
active du bras sont la résultante de l'action du
sus-épineux qui tire vers "l'intérieur" et du deltoïde
qui tire vers le haut, les rotateurs internes et externes
stabilisant l'épaule dans le plan antéro-postérieur. La
résultante d'action de ces deux muscles est l'élévation
du bras avec une simple rotation de la tête humérale.
Chez certaines personnes, survient progressivement un
déséquilibre lié à une diminution de l'efficacité de la
coiffe. Lors des mouvements d'élévation, la résultante de
force est en faveur du deltoïde, entraînant une ascension
de la tête humérale qui vient alors "coincer" le tendon
entre elle et la voûte acromiale ( ceci étant d'autant
plus marqué que la forme de l'acromion est agressive. Ce
contact répété entraîne donc un phénomène inflammatoire
du tendon par abrasion.
C'est donc ce que l'on appelle le syndrôme du conflit
sous acromial qui peut cliniquement se définir en trois
stades:
STADE I
Caractérisé par :
• Douleurs en fin de journée et parfois la nuit
= IRRITATION de la coiffe
STADE II
Caractérisé par :
• Douleurs en fin de journée, la nuit ( souvent
insomniantes) parfois la journée
= INFLAMMATION chronique.
Et finalement le
STADE III
, avec des douleurs quasi permanentes, une
perte fréquente de force si la coiffe est rompue, qui
correspond à une coiffe fragilisée qui est susceptible de
se rompre même sur un traumatisme minime ou un effort de
soulèvement.
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