Un cas
difficile de reprise de prothèse de Grammont
C. COHN Institut A. TZANCK St Laurent du VAR :
1/05/99
Il s'agit d'un patient de 59 ans, actif et droitier, que
j'ai pu voir pour la première fois en 1995. Il avait
présenté en 1993 , une rupture de coiffe de l'épaule
droite opérée par l'un de nos confrères qui lui avait mis
en place une prothèse Delta. Le motif de consultation
était une douleur mécanique d'apparition brutale, avec
sensation de claquement à la mobilisation et nette
diminution de la mobilité active. Les radios standard
étaient sensiblement normales ( mais assez difficile à
interpreter du fait de l'encombrement de ce type de
prothèse.
J'avais alors réalisé une arthroscopie d'épaule qui avais
montré un démontage de la métaglène, devenue mobile dans
l'articulation.
Une reprise chirurgicale classique confirma ce
diagnostic. Il s'agissait en fait d'un dévissage du plot
central de la métaglène.
J'eus alors la surprise d'apprendre de la part de
Medinov, que ce problème avait déjà été rencontré dans
quelques cas et qu'il se produisait toujours sur des
épaules droites. Ceci étatit du au fait que la "bonne"
mobilité active était en quelque sorte "en phase" avec le
sens du filet du plot et pouvait amener un dévissage !
A l'intervention, j'ai retrouvé un plan antérieur très
affaibli avec amytrophie fibreuse du deltoïde antérieur.
Je me suis contenté de remplacer la métaglène et le
polyéthylène de la partie humérale.
Tout s'est alors bien passé jusqu'en 1997:
Le patient a représenté les mêmes symptômes. Medinov
contacté, m'a annoncé qu'ils avaient modifié le système
d'ancrage pour éviter ce type d'inconvénients, mais qu'il
fallait alors changer la platine de la métaglène.
Je me suis donc résolu à cette solution, et comme je
pouvais le craindre, la platine recouverte
d'hydroxyapatite était parfaitement solidaire de la
glène.
L'extraction fut difficile, avec une fracture partielle (
heureusement en un seul bloc de taille respectable) de la
partie inférieure de la glène.
Je pus mettre en place une nouvelle prothèse dont la vis
inférieure synthésait le fragment de glène.Le patient fut
immobilisé six semaines
Le résultat clinique fut dès cette intervention moins bon
que lors du premier changement ( est-ce réellement
étonnant), avec perte de force et douleurs mécaniques à
l'effort.
Les clichés à six mois montraient une bonne
consolidation.
Malheureusement, je revois à nouveau ce patient cette
semaine avec réapparition des douleurs et de l'impotence.
Voici les clichés :
Comme vous pouvez le constater, il existe un nouveau
démontage de la métaglène et malheureusement une bascule
qui a entrainé un arrachement du bord supérieur de la
glène et la fracture de deux des vis.
- je ne résiste pas au passage au plaisir de vous citer
des extraits du courrier du rhumatologue que ce patient a
été consulter et qui a vu les radiographies.
" ...Il semble exister une rupture de la coiffe des
rotateurs... peut-être faudrait-il effectuer une
scintigraphie à la recherche d'un éventuel
descellement..."
Il reste encore du chemin à faire pour coordonner les
relations entre certains rhumatologues et les
orthopédistes...
Le problème est le suivant :
Je pense que la seule solution à proposer à ce patient
est une reprise chirurgicale, mais les problèmes sont
nombreux.
1° ) Les dégâts sur la glène sont déjà importants et il
faudra de plus enlever les fragments de vis cassés. Que
restera-t-il pour refixer une nouvelle métaglène ? L'un
d'entre vous a-t-il une expérience de la reconstruction
de la glène par exemple par de la crête iliaque ? Dans ce
cas, faut-il procéder en un temps ou en deux temps ?
2°) Faut-il envisager de remettre une nouvelle DELTA, de
changer de type de prothèse, de se contenter d'une
ablation pure et simple de la prothèse ou autre chose ?
J'avoue être pour la première fois devant un tel cas et
votre avis ou votre expérience seraient plus que
souhaitables.
Suite :
Le patient a été opéré début juillet,
A l'ouverture, ( voie deltoidienne antérieure) , pas de
surprises. La métaglène est complètement descellée et
"bringueballe" dans l'articulation. seule une vis tient
encore partiellement dans la glène. Après extraction du
plot, elle peut être facilement extraite de la platine et
cette dernière vient toute seule. Après nettoyage, je
constate avec un certain soulagement que le bloc osseux
de la glène est encore relativement correct ( cf schéma).
La pièce humérale est tout a fait bien fixée et
l'ablation de l'implant polyéthylène ne pose pas de
problèmes.
Je prélève alors de la crête iliaque homolatélale en
conservant la table externe pour découper un volet
précisément adapté à la surface de la glène (
préalablement mesurée en hauteur et en largeur) et en
extrayant un maximum d'os spongieux qui sera greffé pour
combler la perte de substance osseuse.
Après comblement, on retrouve une surface quasi plane sur
laquelle sera déposé le "couvercle" fabriqué à partir de
la table externe de l'aile iliaque et celle-ci sera
solidarisée par une vis 3.5 ( je regrette le plus de
n'avoir pu disposer à ce moment d'une vis résorbable...).
La pièce humérale sera munie d'une cupule DELTA "Mâle"
pour la transformer en implant céphalique simple, la
fermeture effectuée plan par plan et le malade immobilisé
coude au corps dans une attele d'épaule pour six
semaines.
Voici les clichés de fin juillet.
Voici les clichés du patient à trois mois post-opératoire
( et six semaines d'immobilisation).
Malgré la fonte importante du deltoïde et l'absence de
coiffe, la mobilité active est impressionnante.
J'avoue être agréablement surpris par cet étonnant
résultat et espère qu'il se maintiendra avec le temps...
Le patient a été revu fin 2005 avec un état clinique et
des radiographies inchangées.
DONNEZ VOTRE AVIS en
cliquant ICI
VOIR LES COMMENTAIRES...